Si vous êtes un professionnel spécialisé dans la prise en charge des bébés, il vous est probablement déjà arrivé de tomber sur des bébés difficiles en consultation. Ils pleurent, ils ne sont pas bien, il vous est impossible de les toucher, de les manipuler. Vous avez beau essayer plusieurs techniques, il continue de pleurer et ne se laisse pas approcher.
Le piège dans ce cas, c’est de vous remettre en question vous en tant que professionnel ! Or, en réalité, c’est simplement l’un des plus grands défis de la prise en charge des nourrissons. Ils ne peuvent pas parler et nous dire ce qu’ils ont, contrairement à des jeunes enfants ou des adultes. Il va donc falloir trouver une autre manière de comprendre ce qui les affecte à ce point durant votre séance.
Pour cela, il est indispensable de considérer tous les facteurs qui peuvent l’impacter. C’est ce que je vous propose dans cet article, avec 7 conseils issus de mon expérience d’ostéopathe spécialisée dans la prise en charge des bébés entre 0 et 1 an et de fondatrice du Mouvement qui Soigne.
C’est la première question que vous devez vous poser. Ça semble bête, mais on n’y pense pas toujours : est-ce que bébé a faim ? Souvent les parents répondent “il n’a pas encore mangé; car son bibéron est à 4h on s’est dit qu’il attendrait la fin de la séance” sauf qu’il est déjà 4h30… Forcément, il va être très difficile (voire quasi impossible) de négocier avec un bébé qui a faim. Dans ce cas, proposez au parent présent (ce sont très souvent les mamans soyons honnêtes) de lui préparer le biberon ou de le mettre au sein s’il est allaité.
On peut même travailler en même temps, car on n’a pas besoin que bébé soit sur la table pour le manipuler. Il faut apprendre à s’adapter, se mettre à côté de la maman et se contorsionner pour pouvoir continuer à travailler sur lui. Mais si le problème était la faim, il peut être facilement résolu.
La deuxième question à poser au parent présent, c’est comment ça s'est passé sa journée à ce bébé ? En posant la question, vous allez vous rendre compte que la journée a été longue, remplie de rendez-vous avec le pédiatre puis la sage-femme. Et peut-être que votre séance à vous sera de trop après une journée où bébé a été trimballé, n’a pas mangé aux bons horaires, a été réveillé ou n’a pas fait sa sieste habituelle.
Peu après les fêtes de fin d’année, j’avais reçu en consultation un bébé qui était très grognon et ne me laissait pas la manipuler. Sa maman m’avait avoué qu’ils avaient fêté Noël à droite à gauche et qu’elle n’avait pas pu allaiter comme elle voulait. Son bébé n'avait donc probablement pas mangé comme il fallait et avait eu beaucoup de sollicitations : du bruit, de la lumière, de la musique, de nouvelles odeurs, beaucoup de nouvelles personnes qui l’avaient prise au bras. Après toutes ces sollicitations, la petite n’avait pas forcément envie que je la manipule.
Il est important de faire attention aux sollicitations qu’ont subies les bébés avant d’arriver chez vous (et d’utiliser les autres conseils de cet article lorsque c’est le cas).
Forcément, et c’est peut-être une des raisons pour lesquelles bébé est en consultation, ce qui peut le rendre difficile, c’est aussi la douleur. Sauf que les bébés ne peuvent pas vous dire qu’ils ont mal sur telle ou telle manipulation. Ce qui marche le mieux c’est de mettre la maman (ou le parent présent) sur la table et le bébé dans ces bras. Si quelque chose est douloureux, mais qu’il est sur sa mère, il sera plus facile d’approcher petit à petit de la zone la plus douloureuse. En commençant par les parties du corps que bébé tolère.
Si par exemple, on souhaite travailler sur le crâne ou l’épaule, mais que bébé ne nous laisse pas faire, on peut essayer d’attaquer par les pieds, puis les mains et progressivement remonter jusqu’à ce qu’il se détende. Ce qui marche également très bien, c’est de mettre bébé au sein pour mieux travailler !
Vous commencez peut-être déjà à le comprendre au travers de ces 3 premiers conseils, ce qui peut véritablement vous aider pour un bébé difficile, c’est de varier les positions et les lieux de manipulation. Ça veut dire que vous pouvez l’installer sur la table, mais aussi debout, dans les bras de sa mère, au sein. Vous pouvez aussi changer la position du bébé.
Est-ce que vous avez tester de l'allonger sur le ventre et voir ce qui le rend inconfortable ?
Par exemple, si c'est un bébé qui a des reflux, il ne sera pas bien allongé et sera beaucoup plus tranquille assis. Il faut tester, changer les positions jusqu'à ce que vous ayez la position où il y a un arrêt des pleurs. Et là généralement le bébé se tranquillise. Il m’est même déjà arrivé sur certains bébés de marcher, de les bercer et de faire mes techniques en même temps. On devient un petit peu créatif et acrobate.
J’ai le souvenir d’une petite fille qui hurlait littéralement pendant la consultation. J’avais rarement vu un enfant comme ça, alors que la maman était plutôt zen et que ce n’était pas son premier bébé. En effet, un premier bébé et des parents stressés (ce qui est complètement normal) cela peut affecter la coopération du bébé. Mais dans le cas de ma consultation, ce n’était pas le problème.
La maman me confirme qu’elle est toujours comme ça, elle hurle du matin au soir, y compris aux bras ou au sein. À ce moment, j’étais quasiment sûre que c’était un problème de nerf vague, que je détaille beaucoup dans la formation. Elle avait des problèmes de reflux et de sommeil qui sont tous deux gérés par le nerf vague. J’ai réussi à faire un peu de technique sur son crâne, ça a duré en tout et pour tout maximum 5 minutes. Pourtant, ça a suffi à agir et la fois d’après, elle était déjà entièrement transformée.
Parfois, il ne faut pas vous dire que vous intervenez peu et que vous n’avez pas d’impact. Sur ces bébés difficiles, réussir à les manipuler ne serait-ce que 5 minutes peut faire toute la différence !
Autorisez-vous à faire des pauses pendant votre consultation. De toute façon, si vous avez des consultations de 45 minutes, en général les bébés fatiguent assez vite. Alors, personnellement, je trouve que souvent, sur une première consultation, on n'a pas assez de temps, mais sur une deuxième, souvent, on a plus de latitude. Comme on connaît l'historique du bébé, pourquoi il vient, ça nous laisse plus de temps. Donc n'hésitez pas à faire des pauses ! Ça peut être pour changer la couche, donner le biberon, juste rendre le bébé à maman pour qu’il se sente tranquillisé.
Pendant ce temps, vous en profiter pour expliquer des choses à la maman sur les prochaines étapes, donner des conseils et remplir votre fiche patient. Une fois que le bébé est un peu plus tranquille, on revient sr les manipulations, on refait deux ou trois exercices durant cinq minutes. Fractionner ça marche très bien avec les bébés à fortiori difficiles.
C’est la dernière chose qu’il est possible de faire. Elle est très simple, mais ce n’est pas évident de s'autoriser à la faire. C'est arrêter tout bonnement la séance.
Le bébé ne va pas bien, ce n'était pas le bon moment. Vous n’arrivez à rien du tout. Il arrive un moment où vous pouvez dire “écoutez, je pense que ce n'était pas le moment idéal” ou ‘je vois bien que votre bébé ça ne va pas là”. Dans ce cas, on arrête et puis on reprogramme la séance à un moment où ça sera mieux. On peut en profiter pour poser de nouveau des questions pour reprogrammer à un meilleur moment : à quelle heure fait-il la sieste ? à quelle heure prend-il son biberon ? quel jour possible où il n’y a pas d’autres rendez-vous programmés ? est-ce que le petit est mieux le matin ?
Dans ce cas, la question de la facturation de la séance se pose légitimement. Je vous livre comment je fonctionne en règle générale. Si j’y ai passé moins de 15 minutes et que je n’ai quasiment pas pu toucher le bébé, je ne facture pas et je reprogramme. Si j’ai pu quand même faire des choses, que j’ai donné des conseils, que j’ai passé 45 minutes à monter sur un poupon, à donner des exercices et des astuces, alors je facture.
Car oui, face à des bébés difficiles qu’on n’arrive pas à manipuler, on a aussi la possibilité de donner aux parents un vrai plus avec des conseils à appliquer et que ça soit vraiment bénéfique pour leur problématique !
En définitive, avec ces 7 conseils, il s’agit de trouver le juste milieu entre la remise en question de votre côté, qui reste indispensable, et l’identification de ce qui n’est pas de votre ressort. Si vous voulez aller plus dans la prise en charge de la sorte les nourrissons, difficiles ou pas, découvrez la formation Baby Mov. Elle est à destination des professionnels de santé qui souhaitent accompagner les bébés grâce à la compréhension des réflexes archaïques.
Capucine Vercellotti
Ostéopathe
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